QUI JE SUIS (PP FR novembre 2013)
Je m’appelle Didier et j’ai 59 ans. Physicien et enseignant dans une école d’ingénieurs du numérique, je vis à Lille depuis plus d’une dizaine d’années. Auparavant, j’ai habité et travaillé à Paris et, durant les années quatre-vingt-dix, en Bretagne, notamment à Rennes.
Mais quelle mouche peut piquer quelqu’un de mon âge et ma situation, non seulement d’avoir adhéré à un parti politique encore embryonnaire, mais également de vouloir s’exposer publiquement en participant aux prochaines élections européennes ?
La façon dont les classes politiques ont su surmonter les nons français et néerlandais aux référendums sur la Constitution européenne en 2005 ainsi que les différentes stratégies déployées pour s’en accommoder sans en tenir compte ont été des éléments déclencheurs de ma prise de conscience. Quelque chose ne tournait pas rond dans les sphères des pouvoirs…
Moins que les événements eux-mêmes, la manière dont la crise politique de 2005, et surtout la crise économique de 2008, ont été traitées par les puissants m’ont fait comprendre les défauts systémiques de notre vie politique. Je ne citerais que les plus éclatants…
Le premier, c’est un défaut d’adaptation d’échelle. Suite à l’effondrement de l’ancien monde bipolaire, dans le nouveau contexte créé par la planétaire économie de marché financiarisée, les états européens seuls ne sont plus de taille pour imposer leurs points de vue, n’ayant donc que peu de chances à gagner les féroces batailles commerciales et réglementaires qui se jouent dans le grand stade de la mondialisation. Se divisant sur les détails, ils sont facilement manipulables ils deviennent les proies faciles des superpuissances économiques et financières. Les institutions démocratiques des états nation ne sont plus capables de trouver des solutions pérennes adaptées aux enjeux à affronter et à défendre les intérêts des citoyens. Les temps politiques courts ne permettent hélas que de s’occuper de péri phénomènes et surtout des réélections.
Le second, mais pas le moins important, c’est que la classe politique a perdu, non seulement de son éclat, mais également de son pouvoir. Malheureusement, tiraillée entre les temps médiatiques et les experts de tous genres, elle n’est devenue, en quelque sorte, « qu’experte … d’elle même » !
Il m’est apparu évident que le simple citoyen, que je suis, devait s’impliquer dans la vie publique. Mais dans quel cadre ? Assurément, aller voter ne suffisait plus. Les partis traditionnels, occupés à se faire la guerre entre eux et à se faire élire, sont incapables de se renouveler. Sur la scène politique, je pressentais la nécessité d’un nouvel acteur, d’une nouvelle attitude : le pirate ! En cherchant sur le net, j’ai trouvé des sites, blogs et quelques articles sur plusieurs partis pirates européens dont le parti pirate français. Outre les valeurs défendues, ce qui a attiré mon attention ce sont les quelques idées nouvelles concernant le fonctionnement interne de ces partis et leurs forts liens internationaux, notamment européens ainsi que la mise en exergue du pluralisme et du débat comme primordiales à toute confiance. Je souligne l’idée originale de démocratie, à la fois directe et représentative, qu’on appelle démocratie liquide. On sent très bien entre les lignes une certaine énergie qui se dégage de la volonté de construire, toujours plus passionnant que de détruire.
Nés d’un besoin de changement des règles de droits d’auteur, les partis pirates sont manifestement aujourd’hui une réponse politique crédible, portant les valeurs indispensables à la refondation de notre vie publique : la participation des citoyens, la transparence de la vie politique, l’intégrité des acteurs et une justice performante, irréprochable et indépendante.
La création des partis pirates en Europe est un événement en ce début de siècle et de millénaire. Ces partis pirates représentent une rupture dans le monde politique parce qu’ils essaient de s’affranchir de la culture du chef, en proposant une mutation du registre politique mettant en avant le statut des élus et leur responsabilité. Les partis pirates permettent l’avènement d’une nouvelle forme de conscience citoyenne et politique et promeuvent une vraie révolution. Partis nés d’Internet et des effets du numérique dans notre vie sociale et économique, ils sont portés par cette colonisation numérique. Leur force est la participation des jeunes générations, traditionnellement peu intéressées par la vie publique et souvent volontairement mis à l’écart de toute participation effective.
D’une certaine manière, je pense que ma génération a des devoirs envers cette jeune génération. Je souhaite œuvrer pour induire les changements qui lui permettront d’innover et de mettre en application leurs propres solutions. Je les incite à être plus qu’attentifs, voire combatifs, particulièrement aux occasions de notre vie politique qui entretiennent un espoir de changements possibles, comme ces élections. C’est le moment de se lancer !
Si tant est que cette classification aie encore du sens, un parti pirate n’est ni de gauche ni de droite. Il est à la fois national et international. Ces nouvelles caractéristiques étonnantes et détonantes constituent la force qui lui permettra d’élaborer de nouvelles grilles de lecture, d’aiguiser sa réflexion et d’affronter les problèmes à résoudre avec les bons outils et à la bonne échelle.
Quels sont mes objectifs ? Tout d’abord, je souhaite influencer les autres acteurs de la vie politique, économique et sociale afin d’agir dans les bonnes directions et les obliger à prendre position sur des questions de fond. Puis, et c’est peut-être le plus important, je veux participer à la construction du premier parti européen avec un programme cohérent. L’Europe a besoin de nouvelles bases sociales, économiques et INSTITUTIONNELLES. Il faut renforcer la légitimité démocratique de ses institutions, rendre les mécanismes de décision plus simples et surtout plus compréhensibles pour les citoyens.
Notre continent est un creuset d’identités multiples. Sur un fond d’humanisme, y cohabitent des valeurs universelles et des valeurs multiverselles. Cette diversité de langues et cultures est un accélérateur de notre adaptabilité à un monde en perpétuelle mutation et une source de créativité pour imaginer et mettre en pratique des solutions pertinentes.
De par ma naissance et mes origines je suis à moi seul une sorte d’expérience pluriculturelle. Né en Roumanie d’une mère d’origine hongroise et d’un père d’origine autrichienne, j’ai grandi dans une région où l’Histoire a bien mélangé les langues, cultures, religions et parfois a broyé pas mal de destins individuels. J’ai aperçu de près quelques conséquences désastreuses provoquées par le totalitarisme communiste et l’hypocrisie de la mythologie égalitaire. Je suis toujours attentif aux spécificités culturelles en m’adaptant aux différences au lieu de les ignorer.